CHAPITRE 5 : AL KHOUCHOU’, L’HUMILITÉ (CONCENTRATION) DANS LA PRIÈRE
- Al khouchou’ dans la prière veut dire la présence du cœur, et ceci du takbîr d’entrée au taslîm (salut final), c'est-à-dire qu’on ne pense pas à autre chose que notre prière.
- Le khouchoû’ dans la prière c’est l’âme de la prière et son fruit, et une prière sans khouchoû’ est comme une pelure sans fruit à l’intérieur et c’est pour cela que certains savants on dit que le khouchoû’ (la concentration) dans la prière est une obligation et que celui dont plus de la moitié de la prière a été dominée par le « waswâs » (inspirations de satan) et la pensée sur autre chose, sa prière n’est pas valable et il faut la recommencer jusqu’à ce que son cœur soit présent, soit dans toute la prière ou la majorité de la prière. Et c’est un avis fort et de ce qui apparaît des paroles de cheikhoul al islam Ibnou Taymiyyah, il penche vers cet avis. Mais la majorité des savants disent qu’il n’est pas nécessaire de recommencer la prière si on était insouciant dans la prière.
Nous avons dit ceci pour montrer que la concentration dans la prière est quelque chose de très important et qu’il faut absolument se remettre en question pour prier une prière qui a une âme, sinon comment se lever devant Allah et dialoguer avec Lui en disant « iyyâka na’boudou wa iyyâka nasta’îne » alors que le cœur se promène à droite et à gauche, soit dans les magasins, ou d’autres mosquées, ou dans les assemblées des amis, ou même dans les livres de science car même si on pense à la science ceci est contraire à la concentration dans la prière. Il faut que le cœur soit constamment présent dans la prière.
Hadith 187 :
On rapporte d’Abî Hourayra - رضي اللّه تعالى عنه – qu’il a dit que le prophète - صلى الله عليه و سلم - a défendu à l’homme de prier « moukhtasira ».
[Hadith agréé et la version citée est celle de Mouslim]. Et cela veut dire « en mettant les mains sur les hanches ».
Et il est rapporté dans Al Boukhâri d’après ‘Âïcha - رضي اللّه تعالى عنها – que ceci est l’agissement des juifs.
عَنْ أَبِي هُرَيْرَةَ رضي الله عنه قَالَ : « نَهَى رَسُولُ اللَّهِ صلى الله عليه وسلم أَنْ يُصَلِّيَ الرَّجُلُ مُخْتَصِرًا ». مُتَّفَقٌ عَلَيْهِ , وَاللَّفْظُ لِمُسْلِمٍ . وَمَعْنَاهُ : أَنْ يَجْعَلَ يَدَهُ عَلَى خَاصِرَتِهِ .
وَفِي الْبُخَارِيِّ : عَنْ عَائِشَةَ - رَضِيَ اللَّهُ عَنْهَا- أَنَّ ذَلِكَ فِعْلُ الْيَهُودِ .
1. le prophète عليه الصلاة والسلام a défendu à l’homme de prier en mettant les mains sur les hanches, en disant que les juifs faisaient ceci. Ce qui est légiféré est que le prieur mette la main droite sur le bras gauche et qu’il les place sur sa poitrine : c’est ce qui est le mieux que ce soit dans la position debout avant le roukoû’ ou après le roukoû’.
Nous voyons certains frères mettre la main droite sur la gauche et la faire passer sous l’aisselle pratiquement c'est-à-dire qu’il la décale sur le côté gauche et ceci est contraire à la sunna mais c’est plutôt une bid’a (innovation), car le prophète عليه الصلاة والسلام ne faisait pas comme cela dans sa prière et ceux-là le font en considérant que c’est une sunna. Ils disent que le cœur se trouve du côté gauche alors ils mettent leurs mains du côté gauche, et ceci est une erreur, c’est un qiyâs (raisonnement par analogie) faux, contraire au texte, et donc celui qui voit quelqu’un faire comme cela, qu’il le conseille et lui dise que ceci fait partie des innovations
2. concernant le fait de prier avec les mains sur les hanches, certains savants ont dit que l’interdiction ici est dans le sens du « tahrîm » (c'est-à-dire que c’est harâm) car la règle de base (al-asl) dans le « nahyi » (la défense de faire quelque chose) c’est le « tahrîm » ; et de plus il y a une ressemblance aux juifs dans leurs adorations et la ressemblance aux mécréants est interdite car le prophète
عليه الصلاة والسلام a dit « celui qui ressemble à un peuple en fait partie ».
Hadith 188 :
On rapporte d’Anas - رضي اللّه تعالى عنه – que le prophète - صلى الله عليه و سلم - a dit : « Si le dîner vous est posé (au moment du maghrib), commencer par lui avant de prier le maghrib ».
[Hadith agréé].
وَعَنْ أَنَسٍ- رَضِيَ اللَّهُ عَنْهُ- أَنَّ رَسُولَ اللَّهِ صلى الله عليه وسلم قَالَ : « إِذَا قُدِّمَ الْعَشَاءُ فَابْدَءُوا بِهِ قَبْلَ أَنْ تُصَلُّوا الْمَغْرِبَ ». مُتَّفَقٌ عَلَيْهِ .
1. le prophète عليه الصلاة والسلام a ordonné que l’on commence par le dîner avant la prière. Ainsi si le repas est posé et que le mou-adhdhin a fait l’appel à la prière, et qu’on doit choisir entre partir faire la prière en ayant le cœur occupé par la nourriture ou rester et manger pour ensuite partir prier, le plus juste est le 2ème choix, c'est-à-dire rester manger, se rassasier puis partir prier ; si on atteint la prière en groupe c’est ce qui est demandé, et si elle est passée il n’y a pas de mal. Car si la personne part et que son cœur est attaché à la nourriture, le cœur est détourné de la prière.
Et ceci est une preuve qu’ont utilisée certains savants, et parmi eux cheikhoul islam Ibnou Taymiyyah, pour prouver que la concentration dans la prière est une obligation.
Il a dit que si on est autorisé d’abandonner l’obligation de la djamâ’ah (la prière en groupe), on ne peut être exempté de l’obligation que pour une obligation.
Mais la majorité des savants disent que l’absence de concentration n’annule pas la prière. Mais cela montre que ce qui concerne l’adoration même, on doit lui donner plus d’importance qu’à quelque chose qui est extérieur à l’adoration. « La djamâ’ah » est quelque chose qui est demandé mais la concentration dans la prière fait partie de la prière même.
Le résumer c’est que si on nous pose le repas et qu’on en a envie, on ne part pas prier, que l’on prie à la maison ou à la mosquée, mais on mange d’abord.
Mais il ne faut pas en faire une habitude c'est-à-dire poser le repas à chaque fois au moment d’al adhâne ; mais si quelqu’un a été occupé et qu’il termine seulement après al adhâne et que le repas lui est posé, il commence par le repas avant la prière pour avoir le cœur présent dans la prière.
2. de même si quelqu’un est serré et a envie de faire ses besoins (urine, selle) ou faire un gaz, il ne prie pas jusqu’à s’être débarrassé de ceci. Car s’il prie ainsi, son cœur sera occupé et il priera rapidement et ne sera pas tranquille ; de plus, il y a dans le fait de se retenir un mal pour le corps et c’est pour cela que le prophète عليه الصلاة والسلام a défendu de prier en se retenant.
Si quelqu’un demande : si quelqu’un se retient car s’il va faire ses besoins et ses ablutions il ratera la prière en groupe, est-ce mieux ou faut-il qu’il aille faire ses besoins puis prier ? La réponse est qu’il faut faire les besoins puis faire le woudoû, même si la prière en groupe est raté, car le fait de protéger ce qui est intérieur à la prière est plus important que ce qui est extérieur à elle
3. de même tout ce qui occupe le cœur dans la prière, il faut s’en débarrasser. Par exemple : si quelqu’un a des enfants en bas âge à la maison et qu’il veut prier, et les enfants pleurent, et s’il prie ainsi son cœur sera occupé par eux, il vaut mieux d’abord les faire taire puis prier.
Et ceci est valable pour tout ce qui occupe le cœur dans la prière. En effet, la présence du cœur dans la prière est très importante.
Hadith 189 :
On rapporte d’Abî Dharr - رضي اللّه تعالى عنه – qu’il a dit que le prophète - صلى الله عليه و سلم - a dit : « Si l’un de vous accomplit la prière qu’il n’essuie pas les petits cailloux (de terre), car la miséricorde lui fait fasse ».
[Hadith rapporté par les cinq avec une chaîne de transmission authentique].
Ahmed a ajouté : « 1 seule fois ou laisse ».
Dans le sahih d’Al Boukhâri il y a un hadith similaire rapporté par Mou’ayqib mais sans la raison (de cette ordre).
وَعَنْ أَبِي ذَرٍّ رضي الله عنه قَالَ : قَالَ رَسُولُ اللَّهِ صلى الله عليه وسلم : « إِذَا قَامَ أَحَدُكُمْ فِي الصَّلَاةِ فَلَا يَمْسَحِ الْحَصَى , فَإِنَّ الرَّحْمَةَ تُوَاجِهُهُ ». رَوَاهُ الْخَمْسَةُ بِإِسْنَادٍ صَحِيحٍ. وَزَادَ أَحْمَدُ : "وَاحِدَةً أَوْ دَعْ"
وَفِي الصَّحِيحِ عَنْ مُعَيْقِيبٍ نَحْوُهُ بِغَيْرِ تَعْلِيلٍ.
1. parmi les choses qui aident à la concentration, c’est le fait que le prieur ne soit pas occupé par des mouvements. C’est pour cela que le prophète عليه الصلاة والسلام a défendu d’essuyer l’endroit de la prosternation, et il a dit que si c’est vraiment nécessaire alors une fois et pas plus. Car si la personne s’occupe par l’essuyage du lieu de prosternation c’est un mouvement inutile.
Mais parfois on a besoin de cela comme par exemple si on prie dans le désert (ou à la campagne) et qu’il y a des petits cailloux et qu’on veut les enlever de l’endroit où on pose le front, ici il n’y a pas de mal. De même, s’il y a sur le sol une épine alors on essuie le sol avec la main, il n’y a pas de mal car c’est pour un besoin. Sinon, on n’essuie pas car c’est un mouvement inutile dans la prière
2. de même parmi les mouvements inutiles, le fait que les gens regardent leur montre, bouge leur « ghoutra » (voile de l’homme) … tout ceci est contraire à la concentration dans la prière. Il est rapporté que ‘Omar (ra) a vu un homme prier et faire le jeu de la barbe (c'est-à-dire la toucher, l’essuyer) alors il a dit « si le cœur de celui-ci était concentré, ses membres le seraient aussi ».
En résumé, il faut s’éloigner de tout ce qui diminue la concentration dans la prière.
Hadith 190 :
On rapporte de ‘Aïcha - رضي اللّه تعالى عنها – qu’elle a dit qu’elle a interrogé le prophète - صلى الله عليه و سلم - concernant le fait de regarder à droite et à gauche pendant la prière, alors il a dit : « C’est un vol secret de satan de la prière du serviteur ». [Hadith rapporté par Al Boukhâri].
Attirmidhiy a rapporté d’Anas un hadith qu’il a authentifié : « Prends garde au regard à droite et à gauche pendant la prière car c’est une destruction, et s’il faut absolument le faire alors que ce soit dans une prière surérogatoire ».
عَنْ عَائِشَةَ -رَضِيَ اللَّهُ عَنْهَا- قَالَتْ : سَأَلْتُ رَسُولَ اللَّهِ صلى الله عليه وسلم عَنِالِالْتِفَاتِ فِي الصَّلَاةِ ? فَقَالَ : « هُوَ اخْتِلَاسٌ يَخْتَلِسُهُ الشَّيْطَانُ مِنْ صَلَاةِ الْعَبْدِ ». رَوَاهُ الْبُخَارِيُّ .
وَلِلتِّرْمِذِيِّ : عَنْ أَنَسٍ - وَصَحَّحَهُ - : « إِيَّاكَ وَالِالْتِفَاتَ فِي الصَّلَاةِ , فَإِنَّهُ هَلَكَةٌ , فَإِنْ كَانَ لَا بُدَّ فَفِي التَّطَوُّعِ ».
L’iltifêt (c'est-à-dire tourner la tête à droite et à gauche) dans la prière est de 2 sortes :
- l’iltifêt avec le cœur
- l’iltifêt avec le corps
- Le premier, c’est le fait de se promener (c'est-à-dire la pensée) en pensant à ce qu’on a fait, ce qu’on va faire … et celui-ci diminue la concentration dans la prière, et il diminue de sa récompense jusqu’à ce que le prieur quitte sa prière et il ne lui a été écrit que la moitié, ou le quart, ou le cinquième, ou le dixième ou moins que cela, et ceci en fonction de la présence de son cœur dans la prière.
Plus on est occupé à penser à autre chose, plus la récompense diminue.
عَنْ عَمَّارِ بْنِ يَاسِرٍ قَالَ سَمِعْتُ رَسُولَ اللَّهِ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ يَقُولُ إِنَّ الرَّجُلَ لَيَنْصَرِفُ وَمَا كُتِبَ لَهُ إِلَّا عُشْرُ صَلَاتِهِ تُسْعُهَا ثُمْنُهَا سُبْعُهَا سُدْسُهَا خُمْسُهَا رُبْعُهَا ثُلُثُهَا نِصْفُهَا → ‘Ammar Ibnou Yâsir (ra) rapporte qu’il a entendu le prophète عليه الصلاة والسلام dire : « L’homme sort de sa prière et il ne lui a été écrit (comme récompense) que son dixième, son huitième, son septième, son sixième, son cinquième, son quart, son tiers, sa moitié ». (Hadith rapporté par Abî Dâwoûd et authentifié par Al Albâny).
- Le second, c’est avec le corps uniquement, et il est de 2 sortes :
* Le premier consiste à détourner tout le corps : il annule la prière car cela veut dire qu’on c’est détourné de la qibla
* Le second consiste à détourner uniquement le coup : celui-ci diminue la récompense de la prière et c’est celui-là qui est évoqué dans ce hadith : c’est un vol que commet satan concernant la prière du serviteur. Car, lorsque la personne tourne la tête, sa prière diminue, car ce qui est légiféré pour le prieur c’est qu’il regarde à l’endroit de la prosternation sauf s’il est assis entre les 2 prosternations ou pour le « tachahhoud », il regarde le doigt qui est tendu.
Même ceux qui sont à la mosquée sacré ne doivent pas regarder la Ka’ba car cela occupe la pensée car il est possible que la personne réfléchisse à la construction de la Ka’ba, à ce qui est écrit dessus, ou à ceux qui font le tawâf s’il est en train de prier une prière surérogatoire alors qu’ils font la tawâf … .
Et le fait de regarder de la Ka’ba n’est pas une adoration comme le prétendent certains savants car ceci n’a pas de preuve.
Donc le fait de détourner uniquement le coup est déconseillé, sauf en cas de besoin il n’y a pas de mal, comme le cas où le prieur craint un ennemi, ou un animal carnivore.
- Il y a dans ce hadith la mise en garde contre l’iltifêt dans la prière car c’est comme le dit un autre hadith « une destruction » car c’est notre pire ennemi qui commet ce vol dans la prière qui est la meilleure adoration. Donc il faut prendre garde.
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