Hadith 346 :
On rapporte de Ibni ‘Abbas - رضي اللّه تعالى عنهما – qu’il a dit : « Le prophète - صلى الله عليه و سلم - s’est installé 19 jours durant lesquels il a raccourci la prière » ; et dans une version : « à la Mecque 19 jours ».
[Hadith rapporté par Al Boukhâriy].
Et dans une version de Abî Dâwoûd on trouve : « 17 ».
Et dans une autre : « 15 ».
Et il rapporte de ‘Imrâne Ibni Housayn - رضي اللّه تعالى عنهما – : « 18 ».
Et il rapporte de Djâbir - رضي اللّه تعالى عنه – : « Il s’est installé à Taboûk 20 jours durant lesquels il a raccourci la prière ». Ses transmetteurs sont fiables mais il y a divergence sur la continuité de la chaîne.
وَعَن ابْنِ عَبَّاسٍ رَضِيَ اللَّهُ عَنْهُمَا قَالَ: « أَقَامَ النَّبِيُّ صلى الله عليه وسلم تِسْعَةَ عَشَرَ يَوْمًا يَقْصُرُ ».
وَفِي لَفْظٍ: « بِمَكَّةَ تِسْعَةَ عَشَرَ يَوْمًا ». رَوَاهُ الْبُخَارِيّ.
وَفِي رِوَايَةٍ لِأَبِي دَاوُدَ: « سَبْعَ عَشْرَةَ ».
وَفِي أُخْرَى: « خَمْسَ عَشْرَةَ ».
وَلَهُ عَنْ عِمْرَانَ بْنِ حُصَيْنٍ: « ثَمَانِيَ عَشْرَةَ ».
وَلَهُ عَنْ جَابِرٍ: « أَقَامَ بِتَبُوكَ عِشْرِينَ يَوْمًا يَقْصُرُ الصَّلَاةَ ». وَرُوَاتُهُ ثِقَاتٌ, إِلَّا أَنَّهُ اخْتُلِفَ فِي وَصْلِه ِ
Cheikh Al ‘Outheymine (ra) :
Celui qui séjourne dans une ville, fait-il le raccourcissement tant qu’il y séjourne jusqu’à ce qu’il retourne dans sa ville, ou ne fait-il pas le raccourcissement ?
Les savants ont divergé sur ce point en de nombreux avis.
Exemple : Quelqu’un part à la Mecque pour la ‘Oumrah, il séjourne à Médine quelques jours avant d’aller à la Mecque. Est-il en voyage tant qu’il séjourne à Médine même si le séjour dure longtemps, ou s’il dépasse 4 ou 10 ou 15 ou 19 jours il n’est plus considéré comme voyageur?
Les savants ont divergés là-dessus. Chacun s’est basé sur ce qu’il voit être une preuve, mais toutes ces preuves sont contradictoires, opposées. La seule valable est de dire : tant que la personne est en voyage, elle est considérée en voyage même si elle séjourne des jours et des mois, tant qu’il y a l’intention de quitter cette ville mais y séjourne pour se reposer ou vendre sa marchandise ou en acheter ou visiter un malade ou le soigner… etc. Donc le plus juste, est qu’il n’y a pas de limite à la durée du séjour, car toute limite que quelqu’un fixe dans une adoration, nous lui disons : « quelle est la preuve de ceci ? » Car la délimitation nécessite une preuve, que ce soit 4 ou 10 jours ; s’il n’apporte pas de preuve, tant que la caractéristique est présente, ici le voyage, alors il est voyageur. Et ceci est le choix de cheikhoul-islam Ibnou Taymiyyah (ra) et de notre cheikh ‘Abderrahmâne Assa’diy (ra).
Exemple : • Certains savants disent que si on est en voyage, qu’on séjourne dans une ville et qu’on a l’intention d’y rester plus de 4 jours on n’est plus en voyage ; on leur demande où est la preuve, il n’y a pas de preuve.
• d’autres savants ont dit : s’il séjourne 15 jours.
• d’autres savants ont dit : s’il séjourne 19 jours.
• d’autres savants ont dit : s’il séjourne 5 jours.
• L’imam Annawawi (ra) a cité dans son livre « sharh al mou-addab » appelé « al madjmoû’ » plus de 20 avis chez les savants, et ceci montre qu’il n’y a pas de texte tranchant et clair, et donc nous retournons à « al asl », qui est que tant que le voyageur a quitté son pays il est en voyage, et lorsqu’il y revient il est résident.
- Dans le hadith de Ibnou ‘Abbas (ra), il est dit que le prophète عليه الصلاة والسلام a séjourné 19 jours à la Mecque où il raccourcissait la prière. Et dans une autre version 17 jours. Et il n’y a pas de contradiction entre les deux versions, car celui qui a cité 19 jours a compté le jour d’arrivée et le jour de départ (retour) et celui qui a dit 17 jours ne les a pas comptés. Quand aux autres versions, elles sont « châddhah » (isolées), elles ne peuvent être interprétées : la version disant 15 jours est « châddhah » car elle contredit les versions authentiques. Il reste la version disant 19, 17, 18 jours et toutes celles-ci ne sont pas contradictoires.
Ceci eu lieu lors de la conquête de la Mecque, le Prophète عليه الصلاة والسلام a séjourné 19 jours et il raccourcissait la prière, donc il dépassé 4 jours. Lors du pèlerinage d’adieu, il a séjourné 10 jours car il est arrivé à La Mecque le 4 dhoul-hijja et l’a quittée le matin du 14 dhoul-hijja ; et donc lorsqu’on a demandé à Anas combien de temps ils avaient séjourné à la Mecque, il a répondu 10 jours.
De même, il a séjourné à Taboûk 20 jours et il raccourcissait la prière. Et le prophète عليه الصلاة والسلام n’a pas montré que celui qui séjourne 20 jours ou 19 ou 4 ou plus ou moins, que son voyage est terminé, donc on ne délimite pas ce qu’Allah et son prophète عليه الصلاة والسلام n’ont pas délimité car on va créer des contraintes aux serviteurs d’Allah. Mais nous disons « tant que tu as l’intention de retourner dans ta ville, mais que tu t’es installé juste pour une cause précise et que tu retourneras lorsque tu auras terminé, tu es en voyage » : et ceci est l’avis pour lequel l’âme se tranquillise si on médite profondément, on voit que c’est la vérité, car toute personne qui délimite nous lui disons : « où en est la preuve ? »
9 Et donc, en se basant là dessus, si quelqu’un part à la Mecque pour le hadj au mois de Chawwal, il lui reste (comme durée de séjour) Dhoul-qa’dah, Dhoul-hidjah et les jours du hadj ; il lui reste donc plus de 50 jours, nous lui disons : « il n’y a pas de mal à ce que tu raccourcisses la prière car tu es voyageur, et essuies les « khouffaynes » pendant 3 jours ». Mais le voyageur, s’il prie derrière un imam qui prie 4 rak’at, il doit obligatoirement prier 4 rak’at, qu’il ait atteint la prière depuis le début ou qu’il n’ait atteint que le dernier « tachahhoud », d’après la généralité de la parole du prophète عليه الصلاة والسلام: « Ce que vous avez atteint, priez-le et ce que vous avez raté complétez-le » et ceci englobe les voyageurs et les résidents.
Cheikh Al-fawzâne :
Dans ce hadith il est dit que le prophète عليه الصلاة والسلام a séjourné à La Mecque 15 jours, dans une autre version 17 jours, dans une autre version 18 jours, et dans une autre version 19 jours, et il a raccourci (ses prières) durant cette période, et ceci s’est produit durant la conquête de La Mecque. Le Prophète
عليه الصلاة والسلام est entré à la Mecque pendant Ramadâne victorieux par le soutien d’Allah, et il y est resté jusqu’au début de Chawwâl. Il a été informé que la tribu de Hawâzim se préparait à l’attaquer, car lorsqu’elle a su qu’il avait conquis la Mecque, les membres de la tribu ont eu peur d’être attaqués. Alors le prophète عليه الصلاة والسلام les a devancés et la bataille de Houneyn a eu lieu entre le prophète عليه الصلاة والسلام avec ses compagnons et les associateurs. Le résultat a été la victoire des musulmans même s’il y a eu une épreuve au départ et une grande difficulté (verset).
Donc le prophète عليه الصلاة والسلام a séjourné cette période sur laquelle les rapporteurs ont divergés, chacun a rapporté ce qu’il avait vu et il n’y a pas de contradictions entre les versions. Dans tout les cas, le prophète
عليه الصلاة والسلام a séjourné à la Mecque un long séjour qui a débuté pendant Ramadâne et s’est terminé pendant Chawwâl. Et il a raccourcit la prière durant cette période, et il disait aux résidents de la Mecque : « Nous sommes des gens en voyage, alors complétez votre prière ».
Et dans le hadith suivant, il est dit que le prophète عليه الصلاة والسلام a séjourné à Taboûk 20 jours. Taboûk est une ville qui est située actuellement au nord ouest du Royaume et elle est devenue une grande ville, et entre elle et Médine il y plus de 600 km ; elle faisait partie des pays du Châm. Le prophète عليه الصلاة والسلام a été informé que les romains (byzantins) se préparaient à attaquer les musulmans et il les a devancés. Et cet événement a eu lieu lorsqu’il faisait très chaud et au moment de la récolte des dattes, c’était une épreuve venant d’Allah, et la distance était très grande. Alors le prophète عليه الصلاة والسلام a annoncé qu’il allait attaquer Taboûk et a informé les compagnons de l’endroit concerné afin qu’ils se préparent, alors que d’habitude il عليه الصلاة والسلام leur cachait la destination et faisait croire qu’il prenait une autre direction (ceci est une ruse de guerre). Les hypocrites se sont alourdis et ont commencés à se moquer et ont dit « Mohammed croit que les byzantins sont comme les arabes, il va lui arrivé ceci et cela… ». Beaucoup d’entres eux ont cherché des excuses et n’ont pas participé à cette expédition. Ne sont sortis pour cette expédition (bataille de Taboûk) que les gens de foi (ahloul îmâne) malgré la difficulté. Elle a été la dernière « ghazwah » (bataille en présence du prophète عليه الصلاة والسلام) et ce fut un test pour que les croyants soient différenciés des hypocrites. Allah a révélé de nombreux versets concernant cette bataille dans la sourate « at-tawbah » (sourate le repentir).
Lorsque le prophète عليه الصلاة والسلام est arrivé avec ses compagnons à Taboûk, il y a séjourné en attendant l’ennemi pendant cette période. Lorsque les ennemis ont su que le prophète عليه الصلاة والسلام venait, ils ont été atteints par la peur et donc ils n’ont pas combattus le prophète عليه الصلاة والسلام , ils ont su qu’il était venu parce qu’il avait une force, et le prophète عليه الصلاة والسلام a été « soutenu (noussira) par la peur » (hadith). Et donc les musulmans sont revenus sans subir de mal et sans combattre et ils ont bénéficié de la grande récompense d’Allah.
L’auteur a cité ce hadith avec ses différentes versions dans ce chapitre pour montrer que lorsque le voyageur séjourne quelque part pendant son voyage, il raccourcit la prière.
Et ce point comporte des précisions chez les savants :
Si le séjour n’est pas délimité, c'est-à-dire que le voyageur séjourne pour un besoin (une situation précise) et il ne sait pas quand son séjour va se terminer (il ne sait pas si cela va durer plus de 4 jours ou pas), il raccourcit continuellement sa prière car son séjour est lié à l’accomplissement de son objectif et il ne sait pas quand il va s’accomplir, donc il n’a pas mis l’intention de séjourner mais il a mis l’intention d’accomplir son objectif, donc il est encore en voyage.
9 Celui-ci raccourcit la prière même si la durée est longue, même s’il séjourne plusieurs mois ou un an ou plus, car il n’a pas mis l’intention de séjourner mais il a uniquement mis l’intention d’accomplir un besoin et dès que celui-ci est accompli, il repart.
S’il met l’intention de séjourné une durée précise :
- Si cette période est inférieure ou égale à 4 jours, il raccourcit la prière, car le prophète عليه الصلاة والسلام, pendant le pèlerinage d’adieu, est arrivé à la Mecque le matin du 4 dhoul-hidjah et il s’est installé à « Al Abtah » (steppe) jusqu’au 8 dhoul-hidjah, et donc il a séjourné 4 jours où il a raccourcit la prière. Donc si on a mis l’intention de séjourner 4 jours ou moins, on raccourcit la prière car dans ce hadith le prophète عليه الصلاة والسلام a mis l’intention de rester cette période, c’est sûr, car il ne pouvait repartir avant de terminer son hadj. Puis il a continué le voyage en allant à Minâ, puis à ‘Arafah, puis à Mouzdalifah pour accomplir les rites. De plus, il عليه الصلاة والسلام n’a pas autorisé aux « mouhâdjirîne » de rester à la Mecque plus de 3 jours. Ceci montre que le séjour qu’on avait l’intention de passer, qui ne met pas fin aux règles du voyage, est celui dont la durée est de 4 jours seulement. Sur cette durée il n’y a pas de doute.
- Quant à ce qui dépasse 4 jours, ceci est un point de divergences entres les savants qui sont divisés en 3 avis :
1er avis : on peut raccourcir jusqu’à 15 jours et ceci est l’avis des hanafites : ainsi si on a l’intention de séjourner 15 jours, on raccourcit la prière, et si cela dépasse ces 15 jours on complète la prière, car dans une version du hadith, le prophète عليه الصلاة والسلامa séjourné à la Mecque 15 jours. Donc, si on a l’intention de séjourner 15 jours, on raccourcit la prière et si on a l’intention de séjourner plus que cela on complète la prière.
2ème avis : L’avis disant que c’est 4 jours maximum est l’avis des hambalites et des chafi’ites.
3ème avis : on raccourcit quelque soit la durée du séjour même si on a mis l’intention de séjourner un long moment, tant qu’on n’a pas mis l’intention de s’installer définitivement, c’est-à-dire tant qu’on a l’intention de retourner dans sa ville, même si on séjourne plusieurs mois ou années. Et ceci est l’avis de cheikhoul islam Ibnou Taymiyyah, d’Ibnoul Qayyim, d’Ibnou Hazm et une version de Mâlik. Mais il n’y a pas de doute que cet avis est discutable et contient une faiblesse, car ce qui est confirmé c’est que le prophète عليه الصلاة والسلام a mis l’intention de séjourner 4 jours, quant à son séjour de 15 ou 17 ou 18 ou 19 ou 20 jours à Tabouk, tous ces séjours le prophète عليه الصلاة والسلامn’avait pas mis l’intention de séjourner mais il avait l’intention de guetter la situation de l’ennemi : à la Mecque le Prophète عليه الصلاة والسلام se préparait pour la bataille de Houneyn, il n’a pas mis l’intention de séjourner un séjour précis mais a séjourné pour un besoin qui était de se préparer pour la bataille ; de même à Tabouk il n’a pas mis l’intention de séjourner عليه الصلاة والسلام un séjour précis, mais a séjourné pour guetter la situation de l’ennemi, il ne savait pas quand l’ennemi allait attaquer et quand le combat allait avoir lieu.
Donc, il n’y a pas de séjour précis qui nous est confirmé avec certitude, si ce n’est les 4 jours entre le 4 dhoul-hidjah et le 8 dhoul-hidjah lors du pèlerinage d’adieu. Alors que les autres séjours sont incertains.
9 Donc le plus juste, c’est que celui qui a mis l’intention de séjourner plus de 4 jours, il applique les règles du résident : il doit obligatoirement jeûner pendant le mois de Ramadâne, il doit obligatoirement compléter la prière ; et surtout celui qui a mis l’intention de séjourner plusieurs années comme ceux qui étudient en dehors de leur pays.
Ceci est sans aucun doute plus sûr et plus prompt à permettre de s’acquitter du devoir, car l’avis disant qu’il n’y a pas de limite au séjour est gênant et douteux concernant les « adillah » (les preuves) sur lesquelles les savants se sont appuyées.
Conclusion :
- Si on n’a pas mis l’intention de séjourner, mais on a mis l’intention d’accomplir un besoin, on applique continuellement les règles du voyage car on ne sait pas quand on va repartir, et c’est le cas séjour du prophète عليه الصلاة والسلام à la Mecque et son séjour à Taboûk.
- Si on a mis l’intention de séjourner plus de 4 jours, on doit obligatoirement compléter la prière et jeûner pendant Ramadâne, et les règles du voyage ne s’appliquent plus, comme c’est l’avis de la majorité des savants.
- Si on a mis l’intention de séjourner 4 jours ou moins, on applique les règles du voyage, c'est-à-dire le raccourcissement et « al-iftâr » (la rupture du jeûne), car le prophète عليه الصلاة والسلام a séjourné du matin du 4 dhoul-hidjah au matin du 8 dhoul-hidjah et a raccourci la prière, et ce séjour était prévu et visé, c’est sûr.
Hadith 347 :
On rapporte de Anas - رضي اللّه تعالى عنه – qu’il a dit : « Lorsque le prophète - صلى الله عليه و سلم – prenait la route avant que le soleil ne quitte le zénith il retardait le dhohr pour le faire dans le moment du ‘asr, puis il s’arrêtait et réunissait les 2 prières ; et lorsque le soleil quittait le zénith avant qu’il ne démarre, il priait le dhohr puis montait sur sa monture ».
[Hadith agréé].
Et dans la version d’Al Hâkim dans « Les quarante » avec une chaîne de transmission authentique : « Il priait le dhohr et le ‘asr puis montait sur sa monture ».
Aboû Nou’aym dans « Moustakhradj Mouslim » : « Lorsqu’il était en voyage et que le soleil quittait le zénith, il priait le dhohr et le ‘asr réunis puis prenait la route ».
وَعَنْ أَنَسٍ: « كَانَ رَسُولُ اللَّهِ صلى الله عليه وسلم إِذَا اِرْتَحَلَ قَبْلَ أَنْ تَزِيغَ الشَّمْسُ أَخَّرَ الظُّهْرَ إِلَى وَقْتِ الْعَصْرِ, ثُمَّ نَزَلَ فَجَمَعَ بَيْنَهُمَا, فَإِنْ زَاغَتْ الشَّمْسُ قَبْلَ أَنْ يَرْتَحِلَ صَلَّى الظُّهْرَ, ثُمَّ رَكِبَ ». مُتَّفَقٌ عَلَيْهِ.
وَفِي رِوَايَةِ الْحَاكِمِ فِي "الْأَرْبَعِينَ" بِإِسْنَادِ الصَّحِيحِ: « صَلَّى الظُّهْرَ وَالْعَصْرَ, ثُمَّ رَكِبَ ».
وَلِأَبِي نُعَيْمٍ فِي "مُسْتَخْرَجِ مُسْلِمٍ": « كَانَ إِذَا كَانَ فِي سَفَرٍ, فَزَالَت الشَّمْسُ صَلَّى الظُّهْرَ وَالْعَصْرَ جَمِيعًا, ثُمَّ ارْتَحَلَ ».
Cheikh Al ‘Outheymine (ra) :
1. Le « djam’ » (réunion de 2 prières) est plus vaste que le raccourcissement, car le djam’ est autorisé en cas de besoin et de difficulté, que ce soit pour le résident ou le voyageur : ainsi, à chaque fois que le raccourcissement est autorisé, le djam’ est autorisé ; mais quand le djam’ est autorisé le raccourcissement n’est pas forcément autorisé.
2. - Lorsque le prophète عليه الصلاة والسلام voyageait il faisait le djam’. Lorsqu’il faisait une escale :
• s’il quittait ce lieu avant le déclin du soleil (début du dhohr) il retardait le dhohr pour le prier avec le ‘asr
• et si le soleil avait décliné avant qu’il ne quitte ce lieu, il avançait le ‘asr pour le prier avec le dhohr pour pouvoir continuer le voyage.
Ceci est une sounnah.
- Mais si le voyageur est à l’arrêt, c’est à dire qu’il n’est pas sur la route (c’est-à-dire qu’il séjourne dans ce lieu), le djam’ est autorisé, mais le délaisser est meilleur.
→ Ainsi, le plus juste, c’est que le djam’ pour le voyageur est autorisé qu’il soit sur le chemin ou qu’il séjourne, mais s’il est sur la route le djam’ est mieux, et s’il n’est pas sur la route le délaissement du djam’ est meilleur ; et c’est pour cela que le prophète عليه الصلاة والسلام n’a pas fait le djam’ à Minâ pendant les jours du Hadj car il séjournait.
Et il a fait le djam’ à ‘Arafah pour un intérêt et il a fait le djam’ à Mouzdalifah pour un besoin.
Il est confirmé que le prophète عليه الصلاة والسلام a fait le djam’ à la Mecque pendant le « pèlerinage d’adieu » alors qu’il séjournait à « Al Abtah » dans le hadith d’Abî djouhayfah (ra). Et le prophète عليه الصلاة والسلام a séjourné à Taboûk 20 jours en raccourcissant la prière et en faisant le djam’.
Donc le djam’ est permis pour le voyageur même s’il est à l’arrêt.
3. Est-il mieux de faire « djam’ou-taqdîm » (c'est-à-dire réunir les deux prières dans le temps de la première) ou de faire « djam’ou-ta°khîr » (c'est-à-dire réunir les deux prières dans le temps de la deuxième) ?
Réponse : Il est mieux de faire ce qui est le plus facile, car lorsque le prophète عليه الصلاة والسلام quittait son lieu d’escale, il faisait le dhohr et le ‘asr en « djam’ou-taqdîm » si le temps du dhohr était entré puis partait, et s’il partait avant le déclin du soleil il faisait le dhohr et le ‘asr en « djam’ou-ta°khîr » ; car ceci était plus facile pour lui, donc il faisait ce qui était le plus facile عليه الصلاة والسلام.
4. Egalement parmi les causes qui autorisent de faire le djam’ il y a la maladie : si quelqu’un est malade et qu’il est difficile pour lui de prier chaque prière à son heure, il réunit entre le dhohr et le ‘asr et entre le maghrib et le ‘ichâ, un « djam’ou-taqdîm » ou un « djam’ou-ta°khîr », il fait ce qui est le plus facile pour lui. Ceci d’après le hadith d’Ibnou ‘Abbas (ra) qui a dit : « Le prophète عليه الصلاة والسلام a fait le djam’ à Médine sans qu’il n’y ait ni peur ni pluie », on lui (Ibnou ‘Abbas) a dit « pourquoi a-t-il fait cela ? » et il a répondu « Il a voulu ne pas causer de gène à sa communauté » (c'est-à-dire dans le délaissement du djam’).
5. Egalement parmi les causes qui autorisent de faire le djam’ il y a la pluie : s’il pleut le jour ou la nuit et que la pluie mouille les vêtements (c'est-à-dire que les vêtements sont tout mouillés), on peut faire le djam’, que ce soit par temps de grand froid ou par temps de léger froid, car ici la cause du djam’ est la pluie.
Et si la pluie cesse de tomber on regarde : si la pluie a provoqué de la boue et de la difficulté pour participer à la prière à la mosquée, on fait également le djam’ à cause de la boue, car ceci est une difficulté.
6. Egalement parmi les causes du djam’ il y a le fait d’être dans une occupation : c’est par exemple le fait d’être entrain d’étudier et l’heure de la prière arrive et il est difficile de s’arrêter et d’aller à la mosquée ou de prier, on peut faire le djam’ ; et ceux qui se trouve en dehors de ce pays (l’Arabie Saoudite) ont besoin de ceci car ici al hamdoulillêh, lorsqu’il y a l’adhane les gens sortent et prient, mais dans d’autres pays comme les pays des mécréants ou d’autres pays le moment des études se fait pendant le moment de la prière et il est difficile pour l’étudiant de quitter la classe pour aller prier ou peut-être qu’on ne l’y autorisera pas : celui-ci a le droit de faire le djam’. Surtout que ceux-ci (qui étudient) ont le droit de faire le djam’ pour 2 raisons : ils ont le droit de faire le djam’ car ils sont en voyage et ils ont le droit de faire le djam’ car il leur est difficile de quitter la classe.
Et la règle de base concernant le djam’, c’est que dès que c’est difficile pour la personne de faire chaque prière à son heure, elle a le droit de faire le djam’ entre le dohr et le ‘asr et entre le Maghreb et le ‘icha, ceci conformément :
• à la parole d’Allah « yourîdoullâhou bikoumoul yousra wa lâ yourîdou bikoumoul ‘ousr »
• à Sa parole : « wa mâ dja’ala ‘alaykoum fiddîn min haradj »
• à Sa parole : « mâ youridoullâhou liyadj’ala ‘alaykoum min haradj »
• à la parole du prophète عليه الصلاة والسلام: « bou’ithtou bil hanifiyyati-samhâ° »
• à la parole du prophète عليه الصلاة والسلام: « innamâ bou’ithtoum mouyassirîne »
• à la parole du prophète عليه الصلاة والسلام: « inna hâdha-dîna yousr »
Et les textes sur ce point sont nombreux, al hamdoulillêh.
Cheikh Al-fawzâne :
- Ce hadith concerne le djam’ entre les 2 prières pendant le voyage, entre le dhohr et le ‘asr et entre le maghrib et le ‘ichâ, car ceci fait partie des permissions (roukhas) du voyage. Celui qui a le droit de faire le « qasr » (raccourcissement) a le droit de faire le djam' pour éloigner la difficulté.
- « zeyghou-chams » veut dire le déclin du soleil (zawâlouha) du zénith vers l’Ouest, car le soleil, lorsqu’il se lève, s’élève de plus en plus jusqu’à arriver au zénith au-dessus des têtes et on dit « qâmati-chams », c’est-à-dire « tawassatat » (elle est au milieu du ciel), et lorsqu’il décline du zénith vers l’Ouest même légèrement on dit « zâlati-chams » et « zâghat » (cela a le même sens). Ainsi « azzawâl » et « azzaygh » et « addouloûk », tout ceci a le même sens (« aqimi-salâta lidoulouki-chams…). Et ceci se voit grâce à l’ombre : quand le soleil est au zénith, il n’y a pas d’ombre (d’une chose debout comme un mur, une personne, un bâton), et lorsque l’ombre apparaît du coté de l’est même légèrement c’est « azzawâl », et c’est le moment du dhohr.
- Lorsque le prophète عليه الصلاة والسلام prenait la route (démarrait) avant le « zawâl » il retardait le dhohr pour le prier avec le ‘asr un « djam’ ta°khîr », et lorsqu’il démarrait après « zawâl », il priait le dhohr puis montait sur sa monture : ceci est la 1ère version du hadith. Cette version est une preuve de « djam’ ta°khir et une preuve de l’absence du « djam’ taqdîm » car lorsque le prophète عليه الصلاة والسلام démarrait après « azzawâl », il faisait uniquement dhohr puis il partait.
Mais la 2ème version rapportée par al-hâkim et Aboû Nou’aym, il est dit que lorsque le prophète عليه الصلاة والسلام démarrait après « azzawâl » il avançait le ‘asr pour le prier avec le dhohr puis il partait. Donc cette version est une preuve du « djam’ taqdîm ».
Le « djam’ taqdîm » c’est le fait de prier la 2ème prière dans le temps de la 1ère.
Le « djam’ ta°khîr » c’est le fait de prier la 1ère prière dans le temps de la 2ème.
Les savants ont divergés (ra) sur le djam’ taqdîm et le djam’ ta°khir selon 3 avis :
- Selon les hambalites, les châfi’ites, les mâlikites, les deux djam’ sont autorisés conformément à ce hadith selon les différentes versions. Le djam’ taqdîm est autorisé et le djam’ ta°khir est autorisé et le voyageur fait celui qui est le plus facile pour lui.
- Selon les hanafites, le djam’ est interdit, que ce soit le djam’ taqdîm ou le djam’ ta°khir. Ils l’interdisent car Allah a rendu obligatoire chaque prière à son heure « innassalâta kânat ‘alal… » et le prophète عليه الصلاة والسلام a prié chaque prière à son heure et a montré cela aux gens. Et ils ont expliqué que le djam’ cité dans ce hadith est un « djam’ soûriy » (image de djam’) c'est-à-dire de retarder le dhohr (ou le maghrib) à la fin de son temps et faire la 2ème prière (‘asr ou ‘ichâ) au début de son temps : ainsi on prie la 1ère prière à la fin de son temps et la 2ème au début de son temps, et donc ce qui apparaît c’est que c’est un djam’ mais en fait ça ne l’est pas, car chaque prière a été priée dans son temps.
- Le 3ème avis est que seul le djam’ ta°khîr est autorisé mais pas le djam’ taqdîm, et ceci est le madhab de Ibnou Hazm addhâhiriy et une version de l’imam Mâlik et un groupe de savants. Ils se sont basés sur la 1ère version du hadith.
Et il n’y a pas de doute que l’avis le plus juste est celui de la majorité (al djoumhoûr) c'est-à-dire l’autorisation du djam’ taqdîm et du djam’ ta°khî, car la sounnah les a rapportés tout les deux.
commenter cet article …